Fribourg : se laisser vivre, la tête dans les nuages

Tandis que les eaux de la Sarine serpentent dans la Vieille Ville tout en pavés, Tandis que les eaux de la Sarine serpentent dans la Vieille Ville tout en pavés, Fribourg se distingue par ses bonnes tables, son univers académique allègre, la pluralité de ses traditions, son patrimoine architectural et sa douceur où il fait bon vivre. Fondée en 1157, l’une des plus grandes villes médiévales de Suisse compte un ensemble de plus de 200 anciennes façades de style gothique, renaissance et baroque. Plus d’un kilomètre de remparts librement accessibles, quatorze tours et un fort du XVe siècle sont les vestiges d’une époque qui devait résister aux guerres de religion et se protéger de la convoitise de ses voisins. Ses fontaines sculptées du XVIe siècle, magnifiquement conservées, ainsi que ses rangées d’hôtels particuliers aux portes en chêne et aux grilles finement ouvragées, ont beaucoup de cachet. Très vite, on se perd dans le dédale des ruelles étroites remplies d’échoppes, on baisse les yeux en direction de la partie basse et on flâne dans le quartier historique du Bourg. Ici, la cathédrale catholique romaine dédiée à Saint-Nicolas, martyr de la ville, fait la fierté des locaux et le plaisir des visiteurs. Ce joyau du gothique flamboyant fut construit par étapes entre 1283 et 1490, tandis que ses vitraux style Art nouveau, oeuvre importante de l’artiste polonais Józef Mehoffer, datent du début du siècle dernier. Sa tour, haute de 74 mètres, donne accès à une vue panoramique formidable et permet de reprendre ses esprits. Aujourd’hui, l’édifice, exposé au trafic de la route, fait l’objet de soins rigoureux depuis que les dégâts causés par la pollution sont mesurés.

Un terroir culinaire unique et fête traditionnelle de la Bénichon

Trois fois par semaine, le marché rassemble une grande variété de produits régionaux et du terroir manufacturés avec savoir-faire par les producteurs locaux. Vous y trouverez les fruits et légumes provenant du marais du Seeland. Les spécialités culinaires dégringolent presque des étals dans une ambiance bon enfant : moutarde de Bénichon aux saveurs aigres-douces, meringue délicate, fromage et crème double de Gruyère, charcuteries diverses dont le fameux jambon à la borne AOP (viande frottée avec un mélange de sel et d’épices avant d’être fumée au feu de bois, la vedette du menu de la Bénichon), cuchaule AOP (un pain au safran délicieusement brioché) ou le gâteau du Vully salé… Tous les automnes depuis des siècles, la fête populaire de la Bénichon, à l’origine une fête religieuse de bénédiction pour remercier les récoltes et la saison à l’alpage, rythme le canton d’une fureur tellurique et affranchie. En effet, à l’évocation de ce moment phare de l’année, dégringolent une mosaïque de recettes, un torrent d’anecdotes et une multitude de timbres de voix comme si un gigantesque aquarium s’était éventré par mégarde.

C’est l’occasion de grandes retrouvailles amicales et familiales, où le vin de la région coule à flots. Sur la table en bois brute, l’assiette témoigne d’une cuisine franche du collier aux saveurs décidées. Elle vous engloutit, vous entraîne dans ses vibrations et sa cacophonie joyeuse sur des airs de musique folklorique. Fin de journée. Les ombres s’allongent sur le trottoir tandis que le ciel se zèbre de lueurs roses. Un coup d’oeil au bâtiment construit par Mario Botta situé en face de la gare et hop, il est l’heure de sauter dans le train, de nouvelles images plein la tête.